« Vous êtes dans une école d’architecture, pas d’architecte » voilà l’une des premières phrases qu’un étudiant à l’ENSASE entend. Aujourd’hui encore, cette phrase résonne en moi. Au début, il m’était difficile de l’appréhender, mais aujourd’hui c’est une phrase fondamentale dans mon état d’esprit, dont mon interprétation ne cesse de s’actualiser. Elle déconstruit nos préjugés sur la fonction de l’architecte, comme outil de la bourgeoisie. C’est une phrase qui fait référence à l’étymologie du mot architecture et ses traités fondateurs comme de Architectura de Vitruve. Un guide d’architecture destiné à Auguste et ses grands travaux, qui nous livre les clefs de l’architecture comme une discipline vaste tournée vers la technique, la spiritualité, la composition, produite par un homme pluridisciplinaire. La pluridisciplinarité est sans doute l’une des choses que les « architectes » ont perdues. Mais au delà même du fait que l’architecture ne se résume pas qu’à la création de bâtis neufs, l’architecte lui « c’est quelqu’un qui fait des maisons ». C’est Socrate qui le dit. Ce n’est pas moi. C’est une définition qui est assez plaisante dans un siècle où les maisons sont mal faites » POUILLON Fernand, Mon ambition, Edition du Linteau, Paris, 2011, p. 14.

La vocation des architectes n’a jamais été aussi floue, sur-cultivé sur les questions d’espace-temps, mais à la fois expert en rien. Je dois dire que personnellement, le titre en lui-même n’est pas si intéressant que ça. Je pense qu’avoir la prétention d’être un bâtisseur soucieux d’architecture est bien plus intéressant. Pour moi être bâtisseur n’a rien avoir avec de l’égo voué à construire un maximum de bâtis neufs à l’international, c’est un état d’esprit. Tel Etienne Louis Boullée, un bâtisseur n’est pas forcément voué à construire abondamment, il peut écrire dessiner, photographier beaucoup. Mais nous devons nous faire violence et affronter la réalité actuelle de la production du bâti et ses dérives normatives. On ne bâtit pas seul, nous travaillons avec les sachant, avec respect et en vivant dans la même réalité qu’eux. Chaque acteur d’un chantier doit pouvoir se l’approprier et en être fier. Je pense que reprendre la maîtrise d’oeuvre du début des missions jusqu’à la fin des chantiers est fondamental pour que nos réflexions papier soient elles-aussi respectées. Seulement avoir la HMNOP ne fait pas automatiquement de nous des bâtisseurs dignes de ce nom.

À travers la pierre, je vois une magnifique posture, pour reprendre le contrôle de la conception architecturale. C’est une approche instructive pour un étudiant en architecture. C’est lorsque j’ai calpiné la pierre, appris les portées, et dessiné le harpage, pour mon projet de logement participatif au Crêt de Roc, que j’ai réalisé la puissance instructive de la démarche en pierre structurelle. Construire en pierre, c’est construire de nouvelle carrière à chaque production. L’étude de la stéréotomie pour réaliser des oeuvres où l’archaïsme et la pensée savante se confondent pour se dépasser et créer une « frugalité heureuse et créative ». 

Or si ce nouveau néologisme a l’ambition d’être une réalité populaire, encore faut-il y mettre les moyens. Je ne me leurre pas, il ne s’agit pas de construire tout de la même matière, mais d’employer les matières où bon moment au bon endroit tout en respectant les budgets et les délais...  extrait de mon rapport d’étude 2024
 

  @valentinciccarone2024
basé à saint-étienne